
L’âge du Fer
(±800 à ±50 av. ère commune)
La généralisation de l’usage du fer entraîne, dans le découpage archéologique du temps, un changement chronologique : on passe de l’âge du Bronze à celui du Fer (± 800 à ±50 avant l’ère commune – en Europe occidentale).
Nous ne pouvons mieux présenter que Manuel Fernandez-Götz cette période et les enjeux que représente son étude :
« Durant les dernières décennies, les questions d’identité ont connu un essor croissant dans le domaine des Sciences Humaines et Sociales, dû principalement à l’impact de la globalisation, du postmodernisme et du postcolonialisme, ainsi qu’aux conflits dérivés des tensions nationalistes et de la disparition progressive des sociétés traditionnelles dites « tribales ». La recherche sur l’Âge du Fer n’a pas été indifférente à cette évolution, tel que le démontre par exemple la critique à laquelle a été soumis le concept traditionnel de « Celtes ».
En effet, cette étape présente une particularité fondamentale à la différence des périodes antérieures car pour la première fois nous disposons de références écrites sur les ethnies et individus, sur les migrations, les rois et les batailles. Face aux terminologies archéologiques si aseptisées tels que le « Bronze final II A » ou la « Culure des Cogotas », le Premier Millénaire av. J.-C. offre toute une série d’ethnonymes faisant référence à des groupements de tailles diverses (Eduens, Celtibères, Belges, Gaulois etc.) ce qui explique leur fréquente instrumentalisation pour la construction d’identités contemporaines. Souvent, ces récits ont été mal interprétés avec des fins nationalistes, tel que le montre le cas si extrême et tragique de la manipulation du passé « germain » par les nazis. »
Réfléchir sur les identités des populations de l’Âge du Fer constitue donc une tâche à la fois fondamentale et délicate pour la recherche protohistorique. C’est pourquoi, afin d’éviter toute polémique, nous nous devons d’expliciter notre intention. Il ne s’agit pas ici de traiter ni de soutenir quelconque revendication communautariste ou indépendantiste, ni d’entretenir ou d’exalter à l’extrême un « narcissisme des petites différences » – ce qui aboutirait à flirter avec d’absurdes idéologies ségrégationnistes et puristes, dont l’essentialisme est contraire à la définition dynamique, changeante et situationnelle de l’ethnicité. L’objectif est clair : contribuer de manière décomplexée à l’effort de vulgarisation scientifique afin de diffuser des connaissances souvent bien peu accessibles.
Ceci-dit, c’est donc à l’âge du Fer que se posent les bases ethniques historiques de l’Europe d’aujourd’hui (celles, fantasmées, dans lesquelles ont puisé les états-nations contemporains pour se forger leurs identités). C’est à ce moment qu’émergent les glorieuses cités-états de la civilisation Grecque, qu’Alexandre chevauche en Asie, que Rome conquiert l’Italie pour devenir un Empire, et que les Celtes commencent à faire parler d’eux.
Loin d’être coupées du monde, les populations d’entre Garonne et Pyrénées, correspondant au complexe culturel dit « aquitain », s’intègrent parfaitement dans la civilisation occidentale de leur temps et contribuent pleinement au développement de cet héritage européen, tout en témoignant d’une facette originale qui leur est propre.
Pour en savoir plus :

Nos voisins les Gaulois : l’âge du Fer entre Garonne et Pyrénées
Éditions Arteaz, 2021